La baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les nationales et départementales

Le premier ministre Édouard Philippe a annoncé ce mercredi 9 janvier 2018 lors du Comité Interministériel de la sécurité routière (CISR) que la vitesse maximale autorisée sur les routes nationales et départementales à double sens, sans terre plein central, serait désormais de 80 km/h (contre 90 km/h jusqu’à maintenant). Cette mesure est censée rentrer en vigueur à partir du 1er juillet 2018. Le gouvernement affiche ainsi clairement son intention d’intensifier la lutte contre les excès de vitesse, qui font de nombreux morts chaque année sur les routes. Il est à noter que la sécurité routière lutte déjà activement contre les excès de vitesse depuis déjà 3 ans, à travers de nouvelles mesures visant à pénaliser ces derniers, ainsi que des campagnes de sensibilisation.

Quels sont les objectifs de cette nouvelle mesure ?

Le Conseil National de la sécurité routière (CNSR) recommande depuis 2013 d’effectuer cette baisse de la vitesse maximale autorisée. En effet, si l’on se penche sur les propos d’Anne Lavaud de la Prévention Routière, baisser la limitation de vitesse de 1% ne fait que baisser la mortalité de 1%, mais si l’on baisse cette dernière de 2%, la mortalité baisse de 4% et ainsi de suite. Le but étant donc de trouver une juste mesure pour réduire la mortalité routière de façon significative tout en évitant de gêner les automobilistes dans leurs trajets. Cette mesure est donc le fruit d’une réflexion statistique et scientifique sur le sujet, elle permettrait de sauver la vie d’environ 400 personnes par an sur les routes, ce qui est loin d’être négligeable étant donné les chiffres actuels de la mortalité sur les routes.

De plus, suite à une hausse de 8,9% de la mortalité routière au mois de novembre, le président Emmanuel Macron avait déjà annoncé la mise en place d’un grand plan de lutte contre l’insécurité routière. Cette mesure est donc la première de ce plan qui s’annonce efficace bien que hautement impopulaire auprès des conducteurs.

Un autre objectif, souvent occulté, est l’impact écologique de cette mesure. En effet, il faut savoir que parmi les principales mesures de l’éco-conduite figure la baisse de la vitesse, qui permet d’économiser du carburant, et donc de limiter les émissions polluantes. Cette mesure va également dans ce sens et permettra de réduire la consommation de carburant de 29% d’ici 2028. Cette mesure favorise donc également l’atteinte des objectifs fixés lors de la COP21 à Paris à la fin de l’année 2015.

L’étude préalable du projet

Il a été prouvé que le passage de 90 km/h à 80 km/h sur un trajet de 40 kilomètres n’engendrera qu’un “retard” de 3 minutes, le gouvernement en a d’ailleurs fait un slogan particulièrement frappant pour défendre l’utilité de cette mesure “3 minutes pour une vie”.

Depuis l’été 2015 ce projet est en cours d’étude sur trois portions de routes du territoire national, mais aucune conclusion n’a été tiré de cette expérience, ce pourquoi Gérard Larcher, le président du Sénat, demande au premier ministre de fournir ces résultats au plus vite.

La mesure sera applicable dès le 1er juillet 2018, les routes concernées sont les départementales et les nationales dépourvues de terre plein central ou de glissière faisant office de séparation entre les voies. Des conclusions pourront être tirées dès 2020, afin d’établir un premier bilan concernant l’efficacité de cette nouvelle limitation de vitesse.

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Une augmentation du nombre de radars n’est pas prévue

Face à la colère des usagers de la route opposés à cette mesure, la ministre des transports, Élisabeth Borne, certifie qu’une augmentation du nombre de radars sur les routes concernées par la nouvelle limitation n’est pas à l’ordre du jour. Elle ajoute que les radars déja en place sont situés au bon endroit et rappelle encore que l’objectif n’est pas de verbaliser davantage les Français pour faire rentrer des fonds dans les caisses de l’État mais bien de réduire le nombre de morts sur les routes. Le premier ministre ajoute également que le surplus de fonds perçus grâce à la nouvelle limitation de vitesse servira à investir dans les structures sanitaires et médico-sociales prenant en charges les accidentés de la route, afin de les moderniser et de les rendre plus performantes.

Une mesure néanmoins très impopulaire, qui fait de nombreux mécontents

Les associations de défense des automobilistes sont néanmoins outrées par cette nouvelle mesure et ont lancé des pétitions contre cette dernière dont certaines ont recueilli plus de 1,5 millions de signatures. En effet, les conducteurs ont le sentiment que cet abaissement de la vitesse maximale autorisée est une sorte d’impôt déguisé qui permettra à l’État de percevoir plus d’amendes, et d’un montant plus élevé. Cette accusation demeure toujours malgré les déclarations d’Édouard Philippe et d’Élisabeth Borne sur le sujet. Ils dénoncent également le manque de mesures efficaces contre l’alcool et les stupéfiants, en comparaison. Un certain nombre de problèmes est également soulevé par ces associations :

  • Que faire de la limitation de vitesse pour les poids lourds, qui est déjà fixée à 80 km/h, faudrait-il encore la baisser au risque de désorganiser tout le trafic routier ?
  • Les poids lourds et les véhicules de catégorie B devront-ils rouler à la même vitesse avec tous les inconvénients que cela implique en terme de fluidité du trafic et de visibilité ?
  • Combien va coûter le changement des panneaux sur tout le réseau routier en terme de matériel et de moyens humains ? Qui va payer cette facture ?

Ces questions restent pour le moment sans réponse mais il est évident que le gouvernement devra trouver une solution aux problèmes soulevés d’ici peu.

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